Les raisons qui sous-tendent l'augmentation des prix de l'électricité sont variées, et pas nécessairement liées les unes aux autres, et se sont réunies au fil du temps pour former un cocktail explosif. Le facteur déterminant a été l'augmentation du prix du gaz naturel. Il convient de rappeler que le gaz naturel, au-delà de son utilisation pour le chauffage de nos maisons, est également utilisé pour produire de l'électricité. Eh bien, l'augmentation du prix du gaz naturel est en grande partie due au fait que les réserves du continent européen pour faire face à cet hiver sont relativement faibles (voir le premier graphique).
Les raisons de ces faibles réserves sont diverses. Tout d'abord, il existe des problèmes géopolitiques avec les pays fournisseurs de gaz : la Russie, d'une part, et l'Algérie et le Maroc, d'autre part. Ensuite, les perturbations de l'offre, comme celles qu'a connues le Texas en début d'année ou celles liées à la fermeture progressive de l'usine d'extraction de Groningen aux Pays-Bas, ont également contribué. Troisièmement, la transition en cours de l'économie chinoise, qui passe d'une économie basée sur le charbon à une économie davantage basée sur le gaz naturel, une source d'énergie moins polluante, a entraîné l'émergence d'un énorme concurrent dans la demande de gaz naturel liquide. Cela a eu des conséquences pour l'Europe, car les importations de gaz naturel liquide étaient un mécanisme permettant de faire face aux pics de demande, et cette fois, la concurrence a été beaucoup plus forte. Enfin, ces facteurs ont également été aggravés par l'augmentation progressive mais constante des émissions de carbone résultant du renforcement des politiques de décarbonisation au niveau européen.
Tous ces éléments ont contribué à une forte hausse des prix de l'électricité et tout porte à croire que cette hausse se poursuivra tout au long de l'hiver. Toutefois, lorsque les températures commenceront à augmenter au printemps, la demande de gaz naturel se modérera et la pression sur les prix de l'électricité devrait également s'atténuer. Cette modération ne conduira probablement pas à des prix de l'électricité similaires à ceux de 2018 ou 2019. Nous pensons que les prix se stabiliseront à des niveaux un peu plus élevés, car il existe des éléments structurels qui maintiendront le prix du gaz naturel au-dessus des niveaux d'avant la crise, comme la demande accrue de la Chine ou l'augmentation du prix des émissions.